
Des clés à l’échelle collaborateur
pour mieux l’appréhender
sans nier la réalité
L’éco-anxiété représente une forme d’inquiétude chronique liée aux bouleversements environnementaux et ses répercussions sociales.
Elle peut s’exprimer sous forme de ruminations, de peurs, d’altération du sommeil, de culpabilité en ayant le sentiment de ne pas en faire assez, de maux d’estomac ou de têtes, de tensions musculaires.
Elle peut se manifester même auprès de personnes n’ayant pas encore vécu directement les conséquences du dérèglement climatique.
Né à la fin des années 90 le concept connait un retentissement médiatique et un intérêt croissant du grand public ces dernières années.
Cette inquiétude n’est pas pathologique en soi, elle constitue plutôt une réaction normale face au dérèglement climatique.
À ce titre, il ne faut pas confondre l’éco-anxiété et la solastalgie
Introduit au début des années 2000, la solastalgie décrit la détresse ressentie face aux modifications concrètes de son environnement familier.
C’est un sentiment de deuil, de nostalgie et de perte que peuvent vivre les personnes confrontées à la disparition de leur habitat.
On pensera notamment au déménagement progressif depuis 2022 de la capitale Jakarta, en proie à la montée des eaux, vers Nusantara en Indonésie ou plus récemment à la destruction du village de Blatten en Suisse suite à l’effondrement d’un glacier.
Un cocktail de facteurs derrière un phénomène qui prend de l’ampleur
La visibilité accrue des conséquences du changement climatique et leur récurrence plus marquée rendent la menace plus tangible. Vagues de chaleur, incendies de forêt et inondations deviennent plus fréquents et sont davantage couverts par les médias, notamment à heures de grande écoute (même s’il reste une marge de progrès en la matière).
La communication scientifique s’est également intensifiée. Les rapports du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sont plus connus, ne serait-ce que de nom, par le grand public.
Les travaux de synthèse et de relais par les médias et des créateurs de contenus spécialisés contribuent à leur diffusion.
Le décalage entre l’ampleur de la situation et l’insuffisance des mesures prises pour l’enrayer alimente la dissonance cognitive.
Eco-anxiété et vie professionnelle
Au travail, cette anxiété peut conduire à une baisse de concentration, un désengagement professionnel. À l’inverse, dans le cas d’un alignement entre les valeurs de l’organisation et du collaborateurs, elle peut aussi mener à un surinvestissement et à terme au burnout militant.
Quête de sens, remise en question des choix de carrière, l’impact de l’éco-anxiété dépasse la sphère personnelle.
En revanche le niveau d’études semble jouer un rôle dans la propension à être éco-anxieux. Les personnes ayant un niveau Bac+5 & au-délà tendent à être plus affectées.




L’inaction est un terreau fertile pour l’éco-anxiété, des approches pratiques permettent de transformer cette inquiétude en force positive.
Rejoindre des collectifs engagés
L’action collective peut être un antidote au sentiment d’impuissance. S’engager auprès de groupes d’intérêts intra ou inter-entreprise permet de rencontrer des personnes partageant les mêmes préoccupations et de développer des initiatives qui auront plus de portée.
S’informer de manière éclairée
Garder un esprit critique quant aux sources d’information, les nouvelles biaisées voire parfois montées de toute pièce se diffusent plus vite que jamais sur les plateaux télévisés, la toile et les réseaux.
Prendre du recul face aux débats polarisés à outrance où les positions extrêmes captent l’attention au détriment des solutions nuancées.
Exprimer ses émotions de façon constructive
Identifiez des canaux d’expression adaptés à votre sensibilité : écriture, graphisme, lyrisme, afin de transformer l’anxiété en énergie créative ou sociale.
Certains éco anxieux trouvent même dans l’humour un moyen efficace de désamorcer leur angoisse tout en sensibilisant leur entourage. La ligne éditoriale du Greenwashing comedy club ou encore Malheurs Actuels pour ne citer qu’eux reposent d’ailleurs sur l’humour.
Changer ses habitudes sans rechercher la perfection, une approche incrémentale aidera à construire un rapport plus serein avec les enjeux environnementaux
Adoptez progressivement des comportements écoresponsables adaptés à votre situation. Pensez également à échanger avec les parties prenantes en interne de votre entreprise, des solutions existent peut être déjà sans que vous en ayez nécessairement connaissance, l’occasion de remonter des hiatus de communication ou de défricher certains sujets
- Privilégiez les transports en commun ou le vélo quand c’est possible. Des subventions pour la mobilité douce peuvent exister en entreprise (prise en charge des abonnements de transport en commun ou service de location de vélo, aide à l’achat de vélo)
- Réduisez votre consommation de viande sans nécessairement devenir végétarien (végétaliser les assiettes grâce à des services traiteurs pour les évènements internes de l’entreprise, des solutions de services de cantine plus responsables)
- Achetez d’occasion et réparez plutôt que remplacer (matériel informatique reconditionné ou dont la reprise en fin de vie est prévue dès l’achat pour donner un nouvel usage aux appareils ou à leurs pièces détachées)
Les inquiétudes liées à l’éco-anxiété témoignent avant tout d’une conscience aiguë des enjeux environnementaux. Cette sensibilité, partagée par plus de français qu’on ne pourrait le penser, constitue la première étape vers une mise en mouvement et des changements d’habitudes.
Ainsi, les personnes éco-anxieuses peuvent figurer parmi les plus engagées.